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31 mars 2007

Michel Barnier lit Paris-Berlin


En campagne pour Nicolas Sarkozy à Berlin, l'ancien ministre de l'Environne-ment, commissaire européen, et ministre des Affaires étrangères s'est adonné à de saines lectures...

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30 mars 2007

Le choc


Heureusement que j'ai le cœur bien accroché. Hier matin, quand j'ai découvert la Une des deux premiers journaux berlinois, j'ai été un instant tenté de croire que j'avais raté l'événement de la décennie, après la chute du Mur : la tour de télévision, emblême de Berlin, était en flamme. Les hélicoptères survolait les toits de la capitale. Presqu'un air de déjà-vu, après l'attentat du World Trade Center. "Alex-Schock" en guise de titre.
J'y aurais presque cru s'il ne s'agissait pas de la BZ et du Berliner Kurier, les deux journaux les plus lus, certes, mais qui rivalisent d'audace pour augmenter leurs chiffres de vente. Ce jour-là, ils avaient pourtant choisi la même photo, le même événement. J'y aurais presque cru si je n'avais pas vu, dix secondes plus tôt, avant d'entrer chez mon marchand de journaux, la tour de télévision bien droite et intacte, comme tous les jours, au bout de l'avenue.
Habitant à un kilomètre maximum de l'édifice, je me suis dit que j'aurais bien remarqué du mouvement, si la tour avait été la cible d'un attentat ou d'un incendie. Bien vu. Il s'agissait en réalité d'un téléfilm de la chaîne Pro7. Pour utiliser l'image, les deux journaux ont saisi le prétexte d'une "étude" des risques, pour savoir si le scénario catastrophe pourrait se produire dans la réalité.

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25 mars 2007

Historique


Le discours prononcé par la chancelière Angela Merkel, présidente du Conseil européen, à l'occasion du cinquante-naire des traités de Rome est tout simplement beau, émouvant, historique. Dans la droite ligne des pères fondateurs de l'Europe. Le voici en version intégrale et française :

"Nous célébrons aujourd'hui le cinquantième anniversaire de la signature des Traités de Rome dans un lieu des plus symboliques, à Berlin.
Une ville qui jusqu'il y a 18 ans était divisée par le Mur, les barbelés et l’ordre de tirer. Une ville où des personnes ont payé de leur vie la fuite vers la liberté.
J'ai grandi à l'est de cette ville, en RDA. Lors de l'adoption des Traités de Rome, j'avais trois ans. J'en avais sept lorsque le Mur fut construit. Il divisa aussi ma famille. Je ne pensais pas que j'aurais l'occasion de me rendre librement à l'Ouest avant l'âge de la retraite. Mes chemins se terminaient à quelques mètres d'ici.


Et pourtant, le Mur est tombé. J'ai appris par ma propre expérience que rien ne doit rester comme il est.
C'est là un grand espoir pour tous ceux qui ne veulent pas s'accommoder des injustices de notre monde. C'est d'ailleurs un grand espoir pour tous ceux en Europe qui continuent de souffrir sous l'oppression, comme les citoyens du Bélarus. Ils célèbrent aujourd'hui l'anniversaire de leur indépendance. En ce jour, nous pensons aussi à eux et leur lançons: les droits de l'homme sont indivisibles. L'Europe est à vos côtés!
Mesdames et Messieurs,
Si aujourd'hui nous pouvons célébrer cette fête ici à Berlin, c'est parce qu'il y a un demi-siècle, quelques hommes politiques européens ont décidé de créer une œuvre de paix européenne sans précédent.
Soyons honnêtes: les cinquante ans des Traités de Rome, ce n'est au fond rien d'autre qu'un battement de cil dans l'histoire. Aurons-nous un jour davantage à fêter, fêterons-nous, le 25 mars 2057, le centenaire des Traités de Rome également dans une Europe de paix et de liberté, de démocratie et d'État de droit? Nous ne le savons pas.
Rien de tout cela ne va de soi. Tout doit être sans cesse consolidé et défendu. S'arrêter signifie reculer. Créer un climat de confiance nécessite des années. Une nuit suffit pour perdre cette confiance. Si l'Europe est divisée, elle trébuche plus rapidement que certains ne le croient.
En bref, il faut sans cesse s'engager pour préserver et réaffirmer l'unification européenne. C'est la tâche qui sera la nôtre à l'avenir. Tel est le message central des festivités d'aujourd'hui.
Il est vrai que le monde d'aujourd'hui n'est plus celui d'il y a cinquante ans. Des six membres fondateurs, on est passé à 27 États membres. De l'exemption des droits de douane est née une monnaie commune. Le monde des deux blocs a laissé la place à un monde de différents centres de forces.
Dans un monde de ce genre, il convient de se demander en permanence ce qui est le ciment de l'Europe au XXIème siècle, ce qui constitue son identité. Pour moi, la réponse est claire. L'idée que l'Europe se fait d'elle-même repose sur les valeurs communes et fondamentales. Voilà ce qui unit l'Europe.


Nous ne devrions pas oublier que pendant des siècles, l'Europe a été une idée, rien de plus qu'un espoir de paix et de compréhension. Nous, citoyens de l'Europe, savons que cet espoir s'est aujourd'hui concrétisé.
Et ce, justement parce que les pères fondateurs de l'Europe ont pensé bien au-delà de leur génération. Ils ont pensé au-delà de leur époque. Ils ont aussi pensé bien au-delà des seules libertés économiques.
Trois ans avant la signature des Traités de Rome, la Communauté européenne de défense échouait. Mais ce n'était pas la fin de l'Europe. En dépit de cette déception, le préambule du Traité instituant la Communauté économique européenne commençait en faisant référence "aux fondements d'une union sans cesse plus étroite entre les peuples européens".
Les pères fondateurs de l'Europe savaient que l'ordre économique et l'ordre politique ne pouvaient pas être séparés à long terme.
Les cinquante ans des Traités de Rome, cela se résume pour moi en une phrase: un rêve devenu réalité!
Ce rêve a pu devenir réalité parce que nous, citoyens d'Europe, avons appris au cours des 50 dernières années à exploiter au maximum notre identité et les traditions diverses, et la formidable diversité de nos langues, de nos cultures et de nos régions.
Ce rêve a pu devenir réalité parce que nous nous sommes souvenus de la qualité première qui, pour moi, fait l'âme de l'Europe, dans l'esprit de laquelle les Traités de Rome ont été possibles:
Cette qualité est la tolérance. Il nous a fallu des siècles pour l'apprendre. Sur le chemin de la tolérance, nous avons dû endurer des catastrophes. Nous nous sommes mutuellement persécutés et exterminés. Nous avons dévasté notre patrie. Nous avons mis en danger ce qui est pour nous sacré. La pire période de haine et de destruction n'a pas encore dépassé la durée de la vie d’un homme.
Mais aujourd’hui, Mesdames et Messieurs, nous vivons unis, comme jamais nous n'avons pu le faire par le passé. Chacun des États membres a contribué à l'unification de l'Europe et à la consolidation de la démocratie et de l'État de droit. C'est grâce au désir de liberté des hommes et des femmes d'Europe centrale et orientale que nous avons pu mettre un terme définitif à la division artificielle de l'Europe.
Un des hommes qui a apposé sa signature aux Traités de Rome en 1957 est, et je l'ai déjà dit auparavant, aujourd'hui parmi nous: Maurice Faure. Aujourd'hui, exactement 50 ans plus tard, nous pouvons adresser à Maurice Faure et à ceux qui ont contribué avec lui à cette œuvre les termes de notre "Déclaration de Berlin": "La manière dont nous vivons et travaillons ensemble dans le cadre de l'Union européenne est unique en son genre. Notre chance pour nous, citoyennes et citoyens de l'Union européenne, c'est d'être unis."


Notre chance, c'est d'être unis. Comment pouvons-nous préserver, renforcer et approfondir cet acquis au moins pour les 50 années à venir en nous concentrant sur la principale force de l'homme, sur la force de la liberté, sur la liberté sous toutes ses formes:
la liberté d'exprimer publiquement son opinion, même lorsqu'elle dérange,
la liberté de croire ou de ne pas croire,
la liberté d'entreprise,
la liberté dont jouissent les artistes de concevoir leurs œuvres selon leurs propres idées,
la liberté de l'individu dans sa responsabilité pour l'ensemble.
En misant sur la force de la liberté, nous misons sur l'homme. L'homme est au cœur de notre action. Sa dignité est inviolable. J'ajouterais que cette conception de l'homme provient, pour moi personnellement, aussi des racines judéo-chrétiennes de l'Europe.
Cette conception de la force de la liberté et de la dignité humaine était déjà, avant les Traités de Rome, à la base de la CECA. En signant les Traités de Rome en 1957, les peuples de l'Europe se sont, pour la première fois dans l'histoire européenne, dotés de leur plein gré d'un ordre commun.
Ainsi, nous, ici rassemblés à Berlin, souscrivons aujourd'hui à une Europe de la solidarité, à égalité de droits, entre tous les États membres, grands et petits, anciens et nouveaux.
Seul, chacun des pays européens est trop faible pour relever les défis mondiaux. Il ne peut y avoir dès lors qu'une seule réponse: ne pas agir seul, mais ensemble dans une Europe unie.
L'ère de la mondialisation nous montre de manière de plus en plus évidente que la décision pour l'Europe était et est aussi une décision en faveur d'un certain mode de vie. Elle était et est une décision en faveur de notre modèle de vie européen. Il concilie réussite économique et solidarité sociale. Ce n'est qu'ensemble que nous pourrons préserver notre idéal européen de société.
Ce n'est qu'ensemble que nous pourrons imposer, au niveau mondial aussi, nos critères économiques et sociaux.
Ne nous y trompons pas: le monde n'attend pas l'Europe. D'autres régions du monde se développent à une vitesse vertigineuse.
C’est pourquoi l’Europe a besoin avant tout d’une chose: d’une dynamique. Car sans dynamique, il ne peut y avoir de prospérité en Europe. Et sans dynamique, il y a aussi toujours moins de solidarité en Europe. Une Europe dynamique est une Europe à forte croissance. Qui crée des emplois. Qui honore les prestations. Qui déclare la guerre à la bureaucratie.
Ainsi sont renforcés les atouts de l’Europe, qui sont les connaissances et le savoir-faire de ses citoyens, l’éducation, la recherche et l’innovation. C’est la clé de la croissance, de l’emploi et de la cohésion sociale.
L’Europe doit être également pionnière dans les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et la protection de notre climat. Début mars, nous avons adopté en Conseil européen un plan d’action à ce sujet. Nous voulons lutter contre la menace que fait peser le changement climatique sur la planète. Pour cela, il nous faut des alliés dans le monde entier.
De toute façon, la mondialisation oblige l’Europe à se préoccuper encore davantage à l’avenir des influences extérieures.
C’est pourquoi une politique étrangère et de sécurité commune en Europe est indispensable. Elle ne doit cependant pas être isolée, mais se faire aux côtés de partenaires au-delà de l’Europe. Je suis persuadée que la relation étroite et amicale avec les États-Unis d’Amérique et une OTAN forte sont et seront à l’avenir dans l’intérêt fondamental de l’Europe.
Ce n’est pas à l’opposé de l’approfondissement de la coopération européenne. C’est au contraire le revers de la même médaille.
Nous avons tout autant besoin d’un partenariat stratégique global avec la Russie. Le partenariat stratégique avec la Russie et l’Alliance transatlantique ne sont pas antagonistes; ils forment un complément nécessaire. C’est justement l’Europe qui a développé une conception moderne de l’intégration: un ancrage institutionnel au lieu d’une division en camps, de la formation d’axes et de voies particulières. L’Europe ne doit jamais se diviser ou se laisser diviser sur aucune question.
Nous ne lutterons ensemble contre le terrorisme, la criminalité organisée et l’immigration illégale que si l’Europe est solidaire. Alors seulement, nous défendrons avec succès les libertés et les droits des citoyens y compris contre ceux qui les menacent. Jamais plus le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie n’auront alors une chance de s’imposer.
Nous pourrons alors nous mobiliser pour que les conflits dans le monde se règlent de manière pacifique et que les hommes ne soient pas victimes de la guerre, du terrorisme ou de la violence, pour faire reculer la pauvreté, la faim et la maladie, comme le sida, partout dans le monde. Nous voulons encourager la liberté et le développement dans le monde.
Dans notre "Déclaration de Berlin", nous disons explicitement vouloir "continuer de promouvoir la démocratie, la stabilité et la prospérité au-delà des frontières de l’Union européenne".
C’est un engagement dont on ne peut surestimer la valeur. Un engagement qui se concrétise par ailleurs rapidement. Songeons, en un jour comme aujourd’hui, également aux habitants du Zimbabwe et du Darfour. La souffrance y est insupportable. Réunis dans cette enceinte, nous lançons un appel au président Bashir du Soudan pour qu’il se plie enfin aux résolutions de l’ONU. Je le dis sans ambages: nous devons envisager des sanctions plus sévères.
Ainsi, comme nous l’avons fait par exemple hier en adoptant la nouvelle résolution des Nations Unies sur l’Iran, nous nous engageons, aux côtés de nos alliés et partenaires, à assumer une responsabilité mondiale.
Mesdames et Messieurs, même en un jour de fête comme celui-ci, nous ne devrions néanmoins pas nous leurrer: renforcer le modèle de vie européen, assumer une responsabilité mondiale, cela nécessite une capacité d’action supérieure à celle dont l’Europe dispose à l’heure actuelle.
En effet, nous le savons, l’Union européenne continuera à se nourrir à la fois de son ouverture et de la volonté des États membres d’approfondir son développement interne.
La structure interne doit être adaptée à la nouvelle taille de l’Union européenne à 27. Comment y parvenir? Ma réponse est claire: l’Union européenne a besoin de davantage de compétences et, de surcroît, de compétences mieux définies: en matière de politique énergétique, de politique étrangère et de politique intérieure et judiciaire.
Elle doit mieux délimiter les compétences de ses États membres et les siennes.
Elle doit se concentrer sur l’essentiel et préserver dans toutes les situations possibles les particularités nationales des États membres.
Elle doit veiller à ce que ses institutions fonctionnent efficacement, de façon démocratique et transparente même à 27 pays ou plus. L’enjeu est de taille.
Une chose est sûre: ceux qui espéraient que cinquante ans après la signature des Traités de Rome, nous aurions un traité constitutionnel, sont déçus.
Mais il est tout aussi vrai que ceux qui espéraient que l’Europe ait conscience de la nécessité de renforcer sa structure constitutionnelle interne verront que notre "Déclaration de Berlin" montre la voie. Car nous savons qu’il nous faut toujours adapter la construction politique de l’Europe aux réalités nouvelles.
Il est donc important et nécessaire qu’aujourd’hui, à Berlin, cinquante ans après la signature des Traités de Rome, nous partagions l’objectif d’asseoir l’Union européenne sur des bases communes rénovées d’ici les élections au Parlement européen de 2009.
Je m’engage pour qu’un calendrier puisse être adopté pour cela à la fin de la présidence allemande du Conseil de l’Union européenne, et je compte sur votre appui.
Je suis convaincue qu’une réussite n’est pas seulement dans l’intérêt de l’Europe mais aussi des États membres et dans notre intérêt à nous, les citoyens européens.
Un échec serait une omission historique. Ce que nous décidons aura des effets pendant longtemps aussi bien dans un sens positif que négatif.


En fait, Mesdames et Messieurs, nul n’est besoin de parler d’échec. L’Europe a surmonté si souvent de grands obstacles. Les négociations des traités, dont nous célébrons aujourd’hui le cinquantième anniversaire, en sont un bel exemple.
J’ai lu qu’un membre d’une délégation participant aux négociations, un Britannique je crois, disait à l’époque que le traité n’avait aucune chance d’être signé, que s’il était signé, il ne serait pas ratifié et que s’il était ratifié, il ne serait jamais appliqué. Je ne sais pas, Mesdames et Messieurs, ce que ce négociateur dirait des festivités d’aujourd’hui.
Il n’était d’ailleurs pas le seul à être sceptique. Un homme politique pas tout à fait inconnu aurait dit lui – je cite: "Les traités, voyez-vous, sont comme les jeunes filles et les roses: ça dure ce que ça dure!" Mesdames et Messieurs, on peut dire aujourd’hui que le rosier a nettement poussé depuis 1957, et c’est une jeune fille plus toute jeune, j’en conviens, qui est cosignataire de la "Déclaration de Berlin".
Et puis, j’aimerais mentionner le journal belge "La Libre Belgique" qui écrivait en substance à l’époque au sujet des négociations des Traités de Rome que les Allemands sont tous des "Doktor" importants et bien organisés, que les Français sont bien élevés et qu’ils aiment les projets et les théories, et que les Italiens portent de merveilleuses cravates et de magnifiques chaussettes, et que chez eux, même les statistiques ressemblent à des feux d’artifice.
Oui, Mesdames et Messieurs, nous sommes tout cela, et même plus, bien plus. C’est cela l’Europe. Le scepticisme, les contradictions, la diversité, et aussi maints clichés auxquels nous nous sommes attachés, et aussi et surtout le courage. Tout cela, c’est l’Europe.
L’Europe, c’est bien plus que la vache à lait et la directive sur les substances chimiques. Regardez autour de vous! Des femmes et des hommes venus de 27 pays européens nous entourent, ainsi que des élèves et des étudiants du programme Erasmus, de même que les musiciens de l’Orchestre des jeunes de l’Union européenne qui jouent pour nous sous la direction de Vladimir Ashkenazy.
Parfois, je pense qu’en nous concentrant comme nous le faisons pour agrandir et rénover notre maison commune européenne, il est possible que tous ces travaux nous fassent oublier la grandeur, le caractère unique de cette maison.
En effet, après toutes les guerres et énormément de souffrances, quelque chose d’extraordinaire est né.
Notre chance pour nous, citoyennes et citoyens de l’Union européenne, c’est d’être unis. L’Europe est notre avenir commun.
Elle a été le rêve de générations entières. Notre histoire nous commande de préserver cette chance pour les générations futures.
Je souhaite que les citoyennes et les citoyens européens puissent dire dans cinquante ans:
Jadis, à Berlin, l’Europe unie a bien posé les jalons.
Jadis, à Berlin, l’Union européenne a pris le bon chemin, vers un avenir heureux. Elle a ensuite rénové ses bases afin d’apporter sa contribution vers l’intérieur, sur ce vieux continent, comme vers l’extérieur, dans ce grand petit monde unique.
Pour le bien. Pour les citoyens. Telle est notre mission pour l’avenir."

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24 mars 2007

Joyeux anniversaire


L'ambiance est un peu ten-due. Il fait un temps magnifique sur Berlin et l'Allemagne a promis de célébrer un somptueux anniversaire pour l'Europe, cinquante ans jour pour jour après la signature des traités de Rome. Les vingt-sept chefs d'Etat et de gouvernement des pays de l'Union sont là. Angela Merkel joue gros. Elle veut à tout prix relancer l'Europe politique avec une "déclaration de Berlin", et démontrer aux citoyens que la Constitution est indispensable. Ce qui n'est pas du goût de tout le monde, notamment de la France pour qui le sujet, en pleine période électorale, est extrêmement sensible. La chancelière marche sur des œufs. Voilà pour les coulisses. Car les Berlinois ne verront rien de ces tractations. Pour eux, la Fête de l'Europe se déroule en dehors des salons aux lambris dorés : dans les musées, les discothèques, et enfin à la porte de Brandebourg où elle s'achèvera demain soir par un gigantesque feu d'artifices.

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23 mars 2007

Fous de Knut


C'est véritablement la star médiatique du moment. Il fait la couverture de plusieurs magazines et la télévision publique lui a consacré une émission en direct toute la matinée et il fait la Une de tous les journaux du pays. Knut, c'est le nouveau né du zoo de Berlin : un ours blanc. Effectivement adorable, il a détrôné l'ours brun, traditionnel symbole de la capitale allemande, et est devenu la mascotte de toute une ville. Pour sa première sortie en public aujourd'hui, il a attiré les foules au zoo, qui en a profité pour se faire une publicité d'enfer. Le troisième bébé ours blanc né en captivité à Berlin a créé l'événement.
La presse a scandale en a profité pour faire grimper ses chiffres de vente. La semaine dernière, la BZ assurait par exemple que le petit ourson pourrait être euthanasié, démenti dans la foulée, puis proposé un poster géant "grandeur nature" de l'animal, dans une autre édition. Aujourd'hui, alors que tous les Berlinois ont les yeux rivés vers l'enclos des ours, la feuille de choux locale prétend que Knut est malade et qu'il a une fièvre de 39,6°. Tout est bon pour parler de la star, qui a déjà une peluche à son effigie. Peu importent les scandales, les Berlinois l'ont adopté comme il est. Tout blanc et encore bien maladroit.

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22 mars 2007

Eh bien, pédalez maintenant !

A Berlin, on a toujours une longueur d'avance en matière d'écologie. Tris sélectif des déchets, magasins de produits bios, et surtout le vélo. Dès qu'il y a un rayon de soleil, on abandonne la voiture pour retrouver son cycle. Et, si la plupart des Berlinois en ont déjà l'habitude, il y a toujours les novices qui, le printemps venu, se résolvent à se mettre enfin au deux-roues. Printemps oblige (depuis hier), les novices étaient donc aujourd'hui de sortie. Mais pas les cyclistes confirmés qui avaient, avant d'enfourcher leur bécane, regardé par la fenêtre et constaté qu'il avait neigé toute la nuit. Les petits nouveaux se sont donc retrouvés bien seuls dans les rues, sans pouvoir s'appuyer sur les conseils éclairés des pros du vélo.
En fin de matinée, j'ai ainsi rencontré une pauvre dame essoufflée qui s'était finalement décidée à monter à bord d'un tram pour écourter le supplice. Le visage et les mains rougis par le froid et l'humidité, elle a tiré péniblement son cycle à l'intérieur de la rame. Au milieu, en face du distributeur de tickets, soit au seul endroit où ce n'est pas autorisé. La compagnie de transports BVG recommandant de monter à l'arrière. La pauvre dame n'était pas encore au courant et maintenait fièrement son vélo devant le distributeur de tickets, en souriant béatement aux autres passagers qui tentaient péniblement de l'enjamber pour accéder à l'appareil. Patience, dans quelques semaines et avec quelques degrés de plus, ce sera déjà la routine.

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13 mars 2007

Féminisme


Le pays des trois K (Kinder, Küche, Kirche, soit "enfants, cuisine et église") est aussi le berceau du féminisme. En témoigne cette offre spéciale dans un grand magasin. Pour la "Semaine du féminisme", il offre une réduction exceptionnelle aux femmes... sur les cuisines !

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12 mars 2007

36° (ou presque)


C'est le printemps. En France, on a coutume de dire : "En avril, ne te découvre pas d'un fil". Quid de mars ? Avec 16° aujourd'hui et un beau soleil, voici en tout cas un avant-goût des beaux jours. Et comme j'ai l'habitude de conjuguer les saisons avec des mélodies, mon coup de cœur musical du moment, c'est le nouvel opus du groupe berlinois 2raumwohnung (littéralement, ça veut dire "appartement 2 pièces"). Son nom : "36 Grad", 36 degrés. Un nom prédestiné (sans doute aussi calculé...) pour accompagner le printemps et, peut-être, s'imposer en tube de l'été. Les 13 nouvelles chansons sont rythmées, délibérément joyeuses et tout à fait légères, comme un refrain estival.
Les textes ne vont pas chercher loin (sans toutefois être stupides), la mélodie non plus, mais ils sont tout simplement agréables et entraînants. J'adore. Il y a bel et bien une idée de météo là-dessous, au regard du nom des pistes : "36 degrés", "l'été qui n'en était pas un", "je suis la pluie", "reste jusqu'à ce qu'il neige"... Mais mon vrai grand coup de cœur revient à "Eins zwei drei - tschiu", qui a des petits airs d'Abba moderne. C'est simplement le printemps.

Photo : 2raumwohnung

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11 mars 2007

Exotique

C'est Berlin-sur-l'Oyapock. Une espèce d'obsession de l'exotisme qui commence à me sortir par les trous de nez. Pour être fun, il faut être exotique. Le spectacle tendance, c'est celui qui montre les danses lointaines venues d'Inde ou d'Afrique. Quand ce n'est pas carrément l'une des plus grosses chaînes privées qui diffuse une émission de télé-réalité dans laquelle une "bonne" famille allemande se retrouve "chez les sauvages" (sic). Le magasin à la mode choisi pour slogan "Die Stadt wird exotisch", la ville devient exotique. Et le salon du tourisme propose, à grand renfort de publicité, des "offres spéciales contrées exotiques". Les Allemands sont obsédés par l'exotisme. Au point d'en oublier que leur capitale fait également, pour la plupart des pays du monde et même d'Europe, figure de destination exotique. Puisqu'exotique, ça veut avant tout dire "d'ailleurs", et par extension "inédit ici". A mon goût, le terme est un peu trop souvent employé dans le sens archaïque qu'il pouvait revêtir dans les expositions universelles du début du XXe siècle. Berlin libère les fauves, la jungle, les explorateurs et tous les fantasmes malsains qui les accompagnent. Quand je vois ça, je me demande si je ne suis pas moi-même un peu... exotique.

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10 mars 2007

Sens dessus dessous


J'étais hier soir à un concert de musique Noise, à la galerie Air Garten, à Kreuzberg. C'était pour moi une première : des bruits enregistrés et mixés en direct. A l'arrivée, ça donne une variété assez surprenante de sons, des violons à Elvis. D'autant plus impressionnant que la performance se déroulait dans une installation de Yukihiro Taguchi, qui expose toujours ses "Moments" jusqu'au 13 mars. Le concept : Il a détaché les lattes du plancher de la galerie-appartement pour y aménager l'espace. Hier soir, c'était ambiance disco rouge. Il y a deux semaines, un terrain de badminton. Ou encore une spirale géante ou une promenade abritée. Il change de combinaison chaque jour. Si cela m'arrivait dans mon appartement, si quelqu'un s'amusait à "faire des cabanes" avec mon plancher, j'avoue que j'aurais tendance à stresser... Mais le résultat est absolument génial. Et il paraît que dans une semaine, tout sera à nouveau impeccable, comme avant. Comme si ces "Moments" s'étaient évaporés.

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09 mars 2007

Cyber-cités


Les villes allemandes, qui ont la réputation d'être vertes, propres et paisibles, ont connu coup sur coup hier deux mini-révolutions. Berlin est certes l'une des capitales les moins chères au monde (loyers sept fois moindres qu'à Londres, sorties bon marché...), mais l'autre capitale allemande, celle de l'argent, a fait son entrée au Top 10 des villes les plus onéreuses. Selon la très sérieuse étude de l'institut londonien EIU, vivre à Francfort revient même plus cher qu'à New York.
Autre sensation, l'annonce par Google que Berlin était la première ville au monde à figurer entièrement en trois dimensions sur son logiciel Google Earth, démo à l'appui. Vous imaginez bien que je me suis précipité pour vérifier et apercevoir mon immeuble en 3D. Mais j'ai beau avoir téléchargé la toute dernière version disponible en ligne, seul la tour de télévision, la porte de Brandebourg, l'hôtel Park Inn et quelques autres étaient déjà visibles. Il me faudra encore un peu de patience. Je ne suis en tout cas pas pressé, si ça peut retarder le jour où la ville entrera à son tour au Top 10 de l'EIU. Le plus tard possible !

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08 mars 2007

C'est l'année


Chaque année, c'est le même refrain. Il y a un jour pour les femmes, ou plutôt une Journée de la Femme (en l'occurrence aujourd'hui), et quid des 364 autres jours ? Sont-ils réservés au culte de l'Homme (au sens masculin du terme) ? Pourquoi la Femme n'aurait-elle pas également droit à ses 365 jours ? Parfois, je me demande si on parviendra un jour à résoudre cette équation.
Pourtant, s'il devait y avoir une année de la Femme, ce pourrait tout à fait être celle que nous vivons en ce moment. Angela Merkel a assis son autorité à la tête de l'Allemagne et endossé au 1er janvier la présidence de l'Union européenne, ouvrant la voie à d'autres femmes en Europe et dans le monde qui aspirent à des postes de responsabilité. Je pense notamment à Hillary Clinton, déterminée à devenir la première femme présidente des Etats-Unis d'Amérique. L'accès de la démocrate Nancy Pelosi à la tête de la Chambre des représentants, le 4 janvier, lui a ouvert grand la porte. Je pense aussi, bien sûr, à Ségolène Royal qui courtise la "grande sœur" Angela (cf. mon article d'hier). Dans sa campagne, outre Jack Lang, ce sont les femmes qu'on entend et qu'on voit le plus : Christiane Taubira, déléguée à l'expression républicaine, et Elisabeth Guigou, qui l'avait accompagnée à Berlin ces derniers jours. Une femme à la tête de l'Onu ou d'une entreprise multinationale, l'idée n'est plus exclue. Pour preuve, en France, la présidence du Medef par Laurence Parisot.
En Allemagne, la ministre de la Famille, Ursula Von der Leyen (image), a fait toutes les unes de journaux cette semaine. Elle réussit l'exploit de siéger au gouvernement fédéral, où elle est l'un des personnages-clé, tout en s'occupant de ses sept enfants. Les Allemands, dont la plupart sont bien loin de lui ressembler, la considèrent souvent comme une extraterrestre. Mais, à sa manière, elle milite et jette les bases d'un nouveau féminisme. Où l'année ne sera plus sexuée.

Image : Kinder-ministerium.de

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Un air de printemps

Vous l'aurez remarqué, mon blog a légèrement changé de look. Suite à vos remarques, j'ai opté pour une apparence à la fois plus "sérieuse" et plus "fraîche". Comme un air de printemps, qui s'annonce déjà... J'espère qu'il sera à votre goût. N'hésitez pas à me faire part de vos réactions.

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07 mars 2007

De femme à femme


L'expression était facile, comme une perche tendue. Plus d'un journal allemand a paraphrasé ce matin l'expression "d'homme à homme" ("von Mann zu Mann") pour la féminiser. Ça donne "Von Frau zu Frau". Facile, oui. Mais pour la première fois, la France rencontrait hier après-midi l'Allemagne à travers deux femmes : la chancelière Angela Merkel et la candidate à la présidence Ségolène Royal. L'image de ce couple inédit a de quoi marquer les esprits. A côté, la photo de Kohl et Mitterrand se tenant la main à Verdun, il y a 23 ans, passerait presque pour de l'histoire ancienne.
Comme elle n'est qu'une candidate, Ségolène Royal ne fait pas l'objet de grandes analyses dans la presse de ce matin —plutôt des articles assez courts qui citent la socialiste lorsqu'elle parle de sa "complicité" avec la chancelière—, mais la photo fait toutes les unes, y compris celle du très sérieux Süddeutsche Zeitung. Parce qu'elle est marquante. Parce que les Allemands ont désormais intégré l'idée qu'une femme était "capable" de diriger un "grand" pays. Parce que Ségolène Royal remporte leur sympathie, bien plus que Nicolas Sarkozy. Plus encore que les Français, ils se méfient de "l'homme qui a fait exploser les banlieues parisiennes" (son terme de "Kärcher" résonne comme un mot terriblement lourd de sens en Allemagne). Sur le blog de ma collègue Claire-Lise, la citation d'une Berlinoise est révélatrice quand on lui demande ce qu'elle connaît des candidats à l'Elysée : "Il y a Ségolène Royal... Et le petit, là...".
Pour les Allemands, Nicolas Sarkozy, c'est "le petit", celui qu'on n'aimerait pas trop voir grandir. Sans caricaturer, il rappelle trop la façon dont un certain Führer est arrivé au pouvoir. Pour les Allemands toujours, Ségolène Royal incarne effectivement le changement dont elle se targue, même si son programme est encore extrêmement confus sur les questions européennes pour ceux d'entre eux (rares) qui se sont réellement penchés sur la question. Ça les rassure de voir, comme elle le confiait au Monde lundi, que c'est Jacques Delors qui la conseille en la matière. Quant à François Bayrou, il est tout bonnement inexistant. L'outsider de l'extrême droite, qui avait créé la surprise en arrivant au second tour en 2002, les Allemands s'en souviennent par contre très bien. Ça ne les aide pas à mieux comprendre comment fonctionnent la France et ses élections, mais ils pensent que le danger est toujours là. Pendant qu'il agite son "appel aux maires" pour revenir sur la scène médiatique, ils savent que sa cote de popularité grimpe discrètement, auprès de tous les désabusés des grands partis.
Pendant ce temps-là, Ségolène et Angela discutent de femme à femme, pour préparer l'avenir de l'Europe en tentant de résoudre le casse-tête constitutionnel et institutionnel, et préparer la présidence française de l'Union dans le cas où Madame Royal serait élue.

Photo : Reuters
(Quand une photo n'est pas de moi, je le signale)

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06 mars 2007

Sa première langue


Pas de grande orchestration à l'américaine, ni de mise-en-scène spectaculaire. Le message est passé de boîte mail à boîte mail, a parcouru le réseau de 10 000 Français établis dans la capitale allemande, a été entendu par les Berlinois francophiles. La candidate socialiste à l'élection présidentielle a tenu hier soir son unique meeting pour les Français de l'étranger dans la salle de conférence (comble) d'un hôtel de Berlin-Ouest. Près de 600 personnes avaient fait la démarche de s'inscrire auprès de la section berlinoise du parti socialiste français. L'équipe de campagne de Ségolène Royal n'a pas caché sa surprise, quant à l'organisation parfaite. "En France, on n'est pas aussi bien accueillis", murmurait-elle aux Berlinois.
Une affiche "Ségolène présidente" et le pupitre portant l'inscription "Plus juste, la France sera plus forte", du Zebda pour le son. Le décor était minimaliste. Les militants et les spectateurs étaient là pour voir la candidate, et s'en faire un idée. Son discours ne s'est pas borné aux Français vivant en Allemagne, mais à ceux expatriés dans le monde entier. Il doit être diffusé dans les autres pays, notamment par internet. Elle a eu un mot pour chacun, travaillant dans le public ou le privé, pour les étudiants aussi. Si elle a choisi de s'exprimer en Allemagne, c'est plus parce que le pays "a la présidence de l'Union européenne et du G8", comme l'a souligné Elisabeth Guigou ce matin en point-presse, que pour affirmer sa volonté de relance du moteur franco-allemand.


Malgré tout, elle a prononcé quelques mots en allemand, sa "première langue" à l'école, prouvant à son auditoire le retard français dans l'apprentissage des langues. Certes, c'est toujours mieux que Jacques Chirac, qui n'est même pas fichu de dire "bonjour" ou "merci" en allemand, ou que Nicolas Sarkozy, qui le dit carrément en anglais. En français cette fois, Ségolène Royal a émis le souhait, en parlant des Français et des Allemands, que "nos deux peuples se rencontrent davantage", dénonçant les "protectionnismes cachés" qui persistent selon elle. Elle souhaite pour cela la tenue "d'Assises générales franco-allemandes", associant tous les secteurs, de l'associatif au privé. Sur Airbus et le traité constitutionnel, elle est restée relativement prudente, avant de rencontrer la chancelière allemande aujourd'hui.
Avant de retrouver la presse, pour une conférence de presse improvisée dans un petit salon de l'hôtel, la candidate s'est offert un véritable bain de foule parmi ses fans berlinois. Les autres clients de l'établissement ont été surpris dans leur jeu de carte ou leur apéritif, par ce mouvement soudain dans le hall d'entrée. Des Espagnols se sont approchés d'elle pour savoir quelle star provoquait tant de pagaille. "Ah, c'est la présidente française !", ont-ils remarqué. Avec quatre germanistes dans son équipe rapprochée, parmi lesquels Jean-Marc Ayrault, nul doute que l'Allemagne figurerait parmi les priorités de sa politique étrangère, si le présage espagnol se réalisait. Mais il faudra revoir les leçons d'allemand pour ne pas donner, comme Jacques Chirac, l'illusion de comprendre tout ce que dit Madame Merkel.

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