Sa première langue
Pas de grande orchestration à l'américaine, ni de mise-en-scène spectaculaire. Le message est passé de boîte mail à boîte mail, a parcouru le réseau de 10 000 Français établis dans la capitale allemande, a été entendu par les Berlinois francophiles. La candidate socialiste à l'élection présidentielle a tenu hier soir son unique meeting pour les Français de l'étranger dans la salle de conférence (comble) d'un hôtel de Berlin-Ouest. Près de 600 personnes avaient fait la démarche de s'inscrire auprès de la section berlinoise du parti socialiste français. L'équipe de campagne de Ségolène Royal n'a pas caché sa surprise, quant à l'organisation parfaite. "En France, on n'est pas aussi bien accueillis", murmurait-elle aux Berlinois.
Une affiche "Ségolène présidente" et le pupitre portant l'inscription "Plus juste, la France sera plus forte", du Zebda pour le son. Le décor était minimaliste. Les militants et les spectateurs étaient là pour voir la candidate, et s'en faire un idée. Son discours ne s'est pas borné aux Français vivant en Allemagne, mais à ceux expatriés dans le monde entier. Il doit être diffusé dans les autres pays, notamment par internet. Elle a eu un mot pour chacun, travaillant dans le public ou le privé, pour les étudiants aussi. Si elle a choisi de s'exprimer en Allemagne, c'est plus parce que le pays "a la présidence de l'Union européenne et du G8", comme l'a souligné Elisabeth Guigou ce matin en point-presse, que pour affirmer sa volonté de relance du moteur franco-allemand.
Malgré tout, elle a prononcé quelques mots en allemand, sa "première langue" à l'école, prouvant à son auditoire le retard français dans l'apprentissage des langues. Certes, c'est toujours mieux que Jacques Chirac, qui n'est même pas fichu de dire "bonjour" ou "merci" en allemand, ou que Nicolas Sarkozy, qui le dit carrément en anglais. En français cette fois, Ségolène Royal a émis le souhait, en parlant des Français et des Allemands, que "nos deux peuples se rencontrent davantage", dénonçant les "protectionnismes cachés" qui persistent selon elle. Elle souhaite pour cela la tenue "d'Assises générales franco-allemandes", associant tous les secteurs, de l'associatif au privé. Sur Airbus et le traité constitutionnel, elle est restée relativement prudente, avant de rencontrer la chancelière allemande aujourd'hui.
Avant de retrouver la presse, pour une conférence de presse improvisée dans un petit salon de l'hôtel, la candidate s'est offert un véritable bain de foule parmi ses fans berlinois. Les autres clients de l'établissement ont été surpris dans leur jeu de carte ou leur apéritif, par ce mouvement soudain dans le hall d'entrée. Des Espagnols se sont approchés d'elle pour savoir quelle star provoquait tant de pagaille. "Ah, c'est la présidente française !", ont-ils remarqué. Avec quatre germanistes dans son équipe rapprochée, parmi lesquels Jean-Marc Ayrault, nul doute que l'Allemagne figurerait parmi les priorités de sa politique étrangère, si le présage espagnol se réalisait. Mais il faudra revoir les leçons d'allemand pour ne pas donner, comme Jacques Chirac, l'illusion de comprendre tout ce que dit Madame Merkel.
Libellés : Politique/société
2 Comments:
Les photos sont très bien.Sont-elles de toi ? La campagne n'est pas terminée , attention à Bayrou et à d'autres ! à+
7:02 PM
Les photos sont de moi, oui. Je précise au passage que mon blog n'a pas vocation à devenir un site politique, mais un regard nouveau sur "ce qui se passe" à Berlin. En l'occurrence, les passages successifs de M. Sarkozy et Mme Royal faisaient parti de "ce qui se passe". Et comme mes lecteurs sont d'abord français, ou tout du moins francophones, je trouve intéressant de donner quelques éléments sur la campagne présidentielle vue de Berlin. Et non pas le nez dedans...
12:35 PM
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