Le "traité de Berlin"
Souvenons-nous. En 2005, l'Union européenne est dans l'impasse. Deux Etats fondateurs, la France et les Pays-Bas, ont répondu "non", par voie référendaire, au traité instituant une Constitution pour l'Europe. La France, vue de l'extérieure, fait figure de vilain petit canard. Elle est la rebelle de la construction européenne.
Vient après la présidence allemande du Conseil de l'UE, et Angela Merkel, forte de son charisme et de sa crédibilité aux yeux du monde et de ses partenaires européens, qui rame pour ramener le navire Europe dans le sens du courant. Et qui s'efforce d'envoyer une bouée de sauvetage aux Hollandais et aux Français, pour leur permettre tant bien que mal de remonter sur le pont. Merkel décroche, pour le 50e anniversaire des traités de Rome, une signature des 27 Etats-membres à la Déclaration de Berlin, qui s'engage sur la voie d'une modernisation des institutions.
L'Europe, grâce à Merkel et à l'Allemagne, se redresse enfin de l'échec du projet constitutionnel. La chancelière allemande a permis la naissance de ce qui est devenu le traité de Lisbonne (la "constitution européenne version light").
C'est vrai, Nicolas Sarkozy avait préparé l'opinion française à l'éventualité d'adopter une partie de la Constitution européenne.
Mais le travail de persuasion, les discussions avec les partenaires, c'est l'Allemagne qui les a menés. Alors, quand Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères au gouvernement Fillon/Sarkozy, s'exprime à Berlin sur ce sujet, je me dis qu'il est le champion de la diplomatie:
"Je ne remercierai jamais assez Madame Angela Merkel et Monsieur Franck-Walter Steinmeier", dit-il, "qui ont pris ce projet venu de France, pour en faire une réalité". Tout en lançant, en apparence, des fleurs à la chancelière et à son homologue allemand, il souligne encore davantage l'origine française de l'idée.
Comme Nicolas Sarkozy avait pour la première fois parlé du "mini-traité" (rebaptisé depuis "traité simplifié" pour faire moins péjoratif) lors de son passage à Berlin en 2006, je me dis que finalement le traité de Lisbonne pourrait légitimement être renommé "traité de Berlin".
Libellés : Politique/société
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