Ils savent aussi dire "non"
Non. Jusqu'à l'adoption du mini-traité —pardon, du "traité simplifié"—, c'était certainement le mot français le plus répété au monde. Trois lettres universelles qui symbolisent l'aptitude d'un peuple à se faire entendre face à l'élite de ses dirigeants. C'était particulièrement le cas au moment des débats sur le traité instituant une Constitution pour l'Europe. C'était aussi vrai lors des manifestations contre le Contrat Première Embauche (CPE). Ou plus récemment, le week-end dernier, lorsque les municipales ont souligné le refus des Français d'une présidence "bling bling". Un point de vue qui, au passage, est partagé par la plupart des Allemands que je rencontre à Berlin, et qui apprécient bien mieux la sobriété de leur chancelière.
Dans chacun de ces cas, les Français ont dit "non".
En Allemagne, et particulièrement à Berlin, j'ai le sentiment que tous les ingrédients sont désormais réunis pour que le peuple prenne la parole avec la même force : l'économie va bien, mais les Allemands ont le sentiment de ne pas en profiter (pire, d'en pâtir), et ils ont parfois l'impression que les décisions politiques leur sont imposées, qu'ils n'ont jamais leur mot à dire.
Pour le projet de grand aéroport Berlin-Brandebourg, alias BBI, qui doit prendre le pas sur les trois aéroports berlinois, c'est l'un des grands chantiers du maire Klaus Wowereit, avec lesquels il a été réélu l'an dernier. Mais les habitants s'étaient opposés à la fermeture du "city-airport" de Tempelhof, celui qui avait permis le fameux pont aérien, avec le soutien du parti concurrent, la CDU. Maintenant, c'est le parti social-démocrate de Wowereit qui contre-attaque à nouveau, avec d'autres associations et partis politiques, pour demander la fermeture de Tempelhof (photo) avec des arguments plus ou moins convaincants. Comme j'habite juste à côté de l'aéroport du centre-ville, je suis aux premières loges de la campagne. Chacun y va de son "non".
Mais la plupart du temps, les Allemands n'ont pas l'occasion de donner leur avis. Sur la Constitution européenne (désormais traité de Lisbonne), ils n'ont jamais eu leur mot à dire. Contrairement à la France, il n'y a eu aucun référendum. Le tract que j'ai reçu il y a quelques jours à ce sujet, d'un mouvement de jeunes citoyens nommé "Solidarität" (!), entendait tirer la sonnette d'alarme à ce sujet. Après avoir vu l'ampleur de la dernière grève des services publics, j'ai le sentiment que les Allemands, et en tout cas les Berlinois, pourraient bientôt exprimer massivement leur ras-le-bol.
Libellés : Politique/société
5 Comments:
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4:56 PM
Juste histoire que vous ne me soupçonniez pas de censure, le message supprimé ci-dessus était un message de pub.
9:24 PM
Et comment est perçu, outre-Rhin, le merveilleux discours d'entente franco-britannique du président (court sur pattes, court sur "P") des Français ?
3:26 PM
Aussi surprenant que cela puisse paraître, les Allemands n'ont pas vraiment réagi à ce discours. Ce n'est finalement pas dans leur habitude de faire des vagues. Même si, pour certains, l'annonce hier que Merkel et Steinmeier ne participeraient pas à la cérémonie d'ouverture des JO serait une réaction aux prises de position médiatiques de Sarkozy et son nouvel ami "formidable".
9:55 AM
En même temps pour éviter de se faire piétiner comme Sarko, certains ministres allemands, sous couvert de leur "crédibilité" de non-participation à la cérémonie, en ont profité pour mettre les coups de lèche nécessaire au business "la Chine a tout de même accompli des progrès considérables en matière des droits de l'homme" a-t-on entendu
3:51 PM
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