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31 mai 2007

Label France

L'exposition "Die schönsten Franzosen" à la Neue Nationalgalerie joue à fond la carte du marketing bleu-blanc-rouge. Au-delà des traditionnels cartes postales et catalogues, les visiteurs peuvent acheter sacs, tee-shirts, vases, stylos... et même le CD de la musique officielle de l'expo. A croire que la France fait vendre !

Ecouter la musique :
  • A.M.E.R.I.K.A., par Vivie
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    30 mai 2007

    Blau-Weiß-Rot


    Ça aurait plu à notre nouveau président. Ce matin, la conférence de presse pour l'ouverture de l'exposition "Die Schönsten Franzosen" à la Neue Nationalgalerie était tricolore de A à Z. Les hôtesses d'accueil, le podium, les dossiers, le communiqué de presse... Tout était en bleu-blanc-rouge. Il n'a néanmoins échappé à personne (et pas non plus à ma voisine de gauche qui a fait la remarque à voix haute) qu'il s'agissait en réalité du motif des enveloppes "par avion". Un clin d'œil original pour signaler qu'il s'agit d'un prêt du Metropolitan Museum de New York. Un gros colis en tout cas, car l'exposition de ces 150 œuvres françaises du XIXe siècle est magnifique. C'est l'occasion ou jamais de voir l'Odalisque en grisaille d'Ingres, Le Bassin aux nymphéas de Monet, En bateau de Manet et autres somptuosités. Sur leur enveloppe bleu-blanc-rouge, les musées de Berlin n'ont pas oublié d'affranchir. L'envoi (par avion) de New York à Berlin aura coûté la bagatelle de 7,5 millions d'euros. Assurance comprise.

    PS : Comme j'ai (bêtement) oublié mon appareil photo, j'ai fait avec les moyens du bord (téléphone portable...). Désolé pour la qualité médiocre.

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    29 mai 2007

    Mondes parallèles

    Alerte rouge. A Hambourg ce week-end, à Potsdam où les ministres des Affaires étrangères se réunissent demain, la vigilance est au plus haut. A la veille du grand Sommet du G8, les militants "antis" font trembler Angela Merkel, qui veut accueillir les sept autres chefs d'Etats et de gouvernements des pays les plus puissants du monde sans encombre, à partir du 6 juin. Comme le veut la tradition, c'est à Berlin que la scène "alternative" tient son QG. Les affiches annonçant des événements contestataires fleurissent partout sur les murs : festival et concerts anti-G8, contre-sommets, interpellations de la chancelière... Alors que les rencontres officielles se dérouleront dans la petite ville portuaire d'Heiligendamm, près de Rostock, les "antis" seront bien loin. Par mesure de sécurité, le sommet et le contre-sommet fonctionneront comme deux mondes parallèles, sans jamais se rencontrer. A priori. Troisième monde parallèle : celui des Berlinois qui, pour la plupart, poursuivent leur routine quotidienne sans prêter attention à tout ce mouvement. Beaucoup de bruit pour rien ? Réponse à l'issue du sommet, le 8 juin.

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    24 mai 2007

    Parti pris


    "Les plus beaux Français viennent de New York", dit l'affiche bleu-blanc-rouge qui fleurit sur les abribus (ou plutôt "abritram") de Berlin. Il s'agit d'un appel pour l'exposition événement qui s'ouvre le 1er juin à la Neue National Galerie. Une collection prestigieuse d'œuvres françaises du XIXe à faire rougir le Musée d'Orsay, prêtées par le Metropolitan Museum de New York. Manet, Ingres, Monet, Cézanne... A ne pas manquer, donc. Le slogan mystérieux aura en tout cas le mérite de flatter l'ego de mon ami français, Rachid, qui est arrivé lundi... de New York.

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    20 mai 2007

    Warum ?

    Pendant deux semaines, j'ai cru que je n'étais peut-être pas totalement objectif. Que ma déception m'empêchait de voir la situation telle elle était. Mais les témoignages concordants de nombreux amis français, dont celui d'Antoine hier encore, m'ont permis de comprendre que je n'étais pas le seul dans cette situation :
    Habituellement, lorsqu'on se présente à Berlin et que l'on dit qu'on est français, les interlocuteurs s'émerveillent sur Paris, la Côte d'Azur, le vin, le fromage... l'Alsace aussi parfois (si, si ! C'est évidemment la région française la plus facile à visiter quand on habite dans l'Ouest de l'Allemagne). Quand c'est pendant la Coupe du monde, on vous parle de Zidane, bien entendu. Lorsque le film "La Môme" venait de sortir, on avait droit à Edith Piaf aussi.
    Mais depuis deux semaines, les commentaires élogieux et les clichés flatteurs ont disparu au profit d'un regard de dépit. Le visage fermé, une mine compatissante, les Allemands interrogent : "Sarkozy !? Pourquoi ? Que s'est-il passé ?..." Et de constater avec terreur que "le fascisme revient toujours, si on n'y prête pas attention" (ce n'est pas moi qui le dit, je précise). Les mots sont forts. Beaucoup d'Allemands sont choqués. Sans doute plus que de Français.
    Je ne peux m'empêcher de faire le lien avec une autre période. C'était il n'y a pas si longtemps, le 21 avril 2002. Le lendemain, les Allemands avaient eu la même réaction. Le même air surpris et interrogatif : "Warum ?"

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    18 mai 2007

    On a souvent besoin d'un plus petit que soi

    La solution de la devinette : Ceux de gauche appartiennent à la chancelière, ceux de droite au président. Ainsi chaussés, ils ont sensiblement la même taille. Pourtant, une question reste sans réponse : Combien mesure Nicolas Sarkozy ?
    Elle paraît secondaire, mais elle a fait couler beaucoup d'encre et suscité de nombreuses réactions sur la toile, pendant la campagne. Certains assuraient même que Nicolas Sarkozy avaient truqué la photo de sa rencontre avec le président des Etats-Unis pour y paraître plus grand. Ils s'appuyent sur l'équation suivante : Nicolas Sarkozy a la même taille qu'Angela Merkel, qui est plus petite que George W. Bush, donc Nicolas Sarkozy ne peut avoir la même taille que George W. Bush.
    L'enigme persiste sur la taille du nouveau président. Officiellement, il mesure trois centimètres de moins (1,65 m) que la chancelière allemande (1,68 m). Une différence qu'il compense avec des talonnettes. Dans les coulisses du pouvoir, on murmure même qu'il mesurerait à peine 1,60 mètre. Un problème en apparence secondaire, mais qui, comme l'estime le magazine "Stern" dans son édition du 10 mai, pourrait faire toute la différence dans les relations futures entre la France et l'Allemagne.

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    17 mai 2007

    Miroir, mon beau miroir... Dis-moi que je suis le plus grand


    Concours de talons, hier soir, à la chancellerie. Reconnaîtrez-vous ceux d'Angela Merkel de ceux de Nicolas Sarkozy ?

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    15 mai 2007

    Leur première fois


    Ça y est. Nicolas Sarkozy gravira demain, officiellement, sa dernière marche. Il enfilera les habits de président, récupérera la valise nucléaire et les clés de l'Elysée, et recontrera dans la soirée sa partenaire numéro un : la chancelière Angela Merkel. Un moment attendu à Berlin, puisqu'il doit permettre de répondre à un certain nombre de questions essentielles : Nicolas Sarkozy est-il vraiment plus petit qu'Angela Merkel avec ses talonnettes ? Vont-ils se tutoyer comme la chancelière l'a fait avec Jacques Chirac il y a deux semaines ? Le nouveau président a-t-il profité de ses vacances à Malte pour apprendre l'anglais ou, mieux, l'allemand ? Mais surtout, à quoi ressemblera "l'axe franco-allemand" souhaité par Nicolas Sarkozy et quelle sera leur politique pour bâtir les nouvelles institutions européennes d'ici à 2009 ?
    Le tout premier dossier auquel s’attaquera le nouveau président français avec Angela Merkel est en effet celui du traité constitutionnel. L’accord conclu avec Jacques Chirac lors de la rencontre à Rheinsberg et le calendrier des présidences tournantes du Conseil de l’Union européenne l’impose : la chancelière allemande doit, le mois prochain, proposer sa « feuille de route » avant de passer le relais. En clair, elle doit annoncer une solution « clé en main » qui permettra à l’Europe de se doter de « nouvelles bases institutionnelles communes » avant l’élection des députés européens de 2009. La France, qui présidera l’Union au deuxième semestre de 2008, devra y apporter la touche finale.
    Pour dépasser le « non » français au traité instituant une Constitution pour l’Europe, Nicolas Sarkozy présentait la solution la plus simple : un « mini-traité », rebaptisé « traité simplifié », qui sera voté par le Parlement. Les Français ne seront pas consultés par référendum —« car ça ne s’appelle plus Constitution », justifie le nouveau président— et le risque d’un nouveau rejet est donc écarté. Une solution plus rapide et moins hasardeuse que « l’Europe par la preuve » souhaitée par Ségolène Royal, qui imposait l’ajout d’un volet social et annonçait son intention de le soumettre à l’approbation des Français par un nouveau référendum. L’élection de Nicolas Sarkozy est donc accueillie avec soulagement par Berlin.
    Tout doit aller très vite. Le nouveau président de la République estime que le débat a déjà eu lieu. Le texte « simplifié » (sans la partie trois, qui était la plus contestée) devrait être proposé rapidement au Parlement et, logiquement, ratifié. L’objectif annoncé par Angela Merkel devrait être respecté sans surprise et les nouvelles institutions de l’Union pourraient fonctionner dès 2009. Une réussite qui doit permettre d’asseoir à nouveau l’autorité du couple franco-allemand parmi les Vingt-sept et de ramener la France à la table de l’Europe.
    Lors de sa campagne participative et au contact de son équipe de campagne composée de partisans du « oui » et de partisans du « non » à la Constitution européenne, Ségolène Royal avait remarqué que le ras-le-bol exprimé par les Français lors du référendum de 2005 signifiait le refus d’une Europe trop lointaine et sourde à ses citoyens. Une Europe qui leur échappe. Ce constat l’avait poussée à proposer de « construire l’Europe par la preuve ». Elle voulait rénover l’Union en démontrant son intérêt aux Français et en mettant « rapidement en place des politiques communes ambitieuses » dont ils pourraient constater les conséquences positives immédiatement. Ceci notamment dans les domaines de l’énergie, de l’environnement, de l’innovation et des services publics.
    Cette vision à long terme, dont l’issue était certes moins certaine et moins immédiate que celle de Nicolas Sarkozy, devait redonner durablement aux citoyens le goût de l’Europe. Le rejet d'une certaine idée de l'Europe exprimée par les Français, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy devront l'entendre, s'ils ne veulent pas prendre le risque d'un nouveau "non" lorsqu'il s'agira de passer à l'étape suivante de la construction européenne. C’est cette dynamique humaine qui pourrait manquer, à terme, au nouveau couple Merkel-Sarkozy pour alimenter le moteur franco-allemand de l’Europe, déjà bien essoufflé.

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    07 mai 2007

    La rupture

    53-47. Les urnes ont parlé. Nicolas Sarkozy est élu président de la République. Dès le 16 mai, sa photo (prise dans ou devant l'Elysée) ornera toutes les mairies. Pendant les cinq prochaines années, c'est lui qui portera la voix de la France.
    Pour les ségolennistes déçus ou les anti-Sarko désespérés, Berlin confirme son statut de terre de résistance. Dimanche, 72 % des suffrages exprimés se sont portés sur Ségolène Royal, contre 28 % pour Nicolas Sarkozy.
    Les Français de Berlin se reconnaîtront sans doute dans le cri d'effroi lancé en Une par le quotidien Tageszeitung : "Mon Dieu !", sur une photo du nouveau président. En pages intérieures, le journal dresse le portrait de cette "vieille connaissance" ("Ein alter Bekannter"), rappelle le bilan alarmant de ses cinq années en tant que Numéro deux du gouvernement et explique comment il devrait, à travers les mesures prévues à son programme, continuer à diviser les Français.
    "Si vous avez aimé l'automne 2005, lorsque les voitures brûlaient dans les banlieues, alors vous aimerez la France des cinq prochaines années", écrit la Tageszeitung.

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    06 mai 2007

    Wechsel oder Zäsur ?


    Le changement ou la rupture ? Réponse dans quelques heures. A Berlin, où Ségolène Royal avait recueilli 49 % des suffrages et François Bayrou, 25 %, au premier tour, face à Nicolas Sarkozy (15 %), les électeurs retiennent leur souffle, alors que tous les journaux estiment l'élection "pliée", ou presque.

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    03 mai 2007

    Les Allemands séduits par "l'impertinence"

    Jusqu'ici, les journaux allemands —à l'exception de la Tageszeitung (de tendance gauche et féministe) qui roule pour Ségolène Royal depuis le début— s'étaient bien gardés de prendre clairement parti dans le débat présidentiel français. Après le débat Sarkozy-Royal, le jeu est désormais plus clair. S'il est une qualité que les Allemands admirent chez les Français, c'est leur liberté de ton, cette "saine colère" par laquelle Ségolène Royal s'est illustrée hier soir.
    Pour une candidate socialiste, il est en principe difficile de séduire la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le plus influent en Allemagne et largement diffusé dans le monde, mais plutôt conservateur. Pourtant, le quotidien a constaté la supériorité de Ségolène Royal, séduit par son "impertinence" : "L'impression la plus forte de ce débat reste en effet l'impertinence d'une femme, qui poursuit coûte que coûte son but, et qui n'a pas impressionné que ses rivaux. Royal a prouvé que son parti ne pouvait pas désigner de meilleur candidat pour la campagne. Elle a dépassé Sarkozy par son autorité verbale. Ségolène Royal n'avait rien à perdre. Si elle devait gagner dimanche, la victoire s'est décidée avec ce duel télévisé."
    Autre journal de référence, la Süddeutsche Zeitung affiche un compte-rendu beaucoup plus partagé : "Sarkozy a donné l'impression d'être mieux préparé, Ségolène Royal y opposait ses émotions". Entre les deux, "il n'y a pas eu une phrase qui signifiait le K.O." Elle souligne que la discussion a été "parfois chaotique, mais pas ennuyeuse". Le journal estime que ce ne sera qu'à l'issue du vote de dimanche, et des législatives qui suivront, que le véritable gagnant pourra être désigné. Le quotidien berlinois Tagesspiegel titre également sur ce "duel sans perdant".
    Impressionné par le débat, la Netzeitung parle d'un "croche-pied" de Ségolène Royal à Nicolas Sarkozy, au regard des commentaires dans la presse internationale. La presse allemande retient globalement les critiques émises par la candidate socialiste à l'endroit du candidat conservateur. Elle note également sa détermination et de sa force, et souligne sa connaissance plus pointue de certains sujets sensibles en Allemagne, tels que l'entrée de la Turquie dans l'UE et le nucléaire.

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    02 mai 2007

    "Oui, Nicolas Sarkozy est dangereux", l'édito du quotidien belge Le Soir

    Jusque-là, nous ne l’avions pas écrit. Parce qu’il demeure exceptionnel que Le Soir prenne position dans une élection, comme il l’avait fait pour soutenir John Kerry face à George Bush aux Etats-Unis.

    Cette fois pourtant, on ne peut plus rester sans le dire. Oui, Nicolas Sarkozy est dangereux. Parce que le candidat de l’UMP à l’Elysée a franchi la ligne rouge. Ses propos sur le caractère inné de la pédophilie ou de la tendance suicidaire bouleversent tous les principes de l’humanisme. La société ne servirait donc à rien ? A quoi bon alors l’éducation, la famille, l’amour, l’apprentissage de la tolérance, si le seul destin décide de faire d’un homme un héros ou un monstre ? Ses propos sur l’Allemagne, prédisposée à s’abandonner au nazisme, sont tout aussi écoeurants. Et que dire de cette phrase, entendue en meeting : « La France n’a pas à rougir de son Histoire. Elle n’a pas inventé la solution finale. » Aurait-il oublié que la France a collaboré ? Que Vichy a livré des Juifs aux nazis ? Jacques Chirac a beaucoup de torts. Mais il a eu ce courage, lui, de reconnaître la responsabilité de l’Etat français pour la collaboration.

    Ce virage complète chez Nicolas Sarkozy une posture résolument populiste. Combien de fois, lorsqu’il était à l’Intérieur, n’a-t-il pas accusé les juges de ne pas en faire assez, violant ouvertement la séparation des pouvoirs ? Sa mainmise sur les médias ne laisse pas d’inquiéter, elle aussi, obtenant ici le limogeage d’un directeur dérangeant, discutant là de l’embauche d’un journaliste chargé de couvrir l’UMP. Et que dire de ses déplacements de campagne ? Non seulement il ne peut plus se rendre en banlieue, là où Jean-Marie Le Pen se promène désormais, mais même dans des quartiers moins chauds comme la semaine dernière à la Croix-Rousse à Lyon, il doit reculer par crainte des manifestants.

    « Prendre des voix au Front national, est-ce mal ? », interroge Nicolas Sarkozy. Non, bien sûr, au contraire. Mais à condition de ne pas séduire ses électeurs avec les mêmes mots. Au soir du premier tour, le candidat de l’UMP se félicitera peut-être d’avoir asséché le terreau électoral de Jean-Marie Le Pen. Mais à quel prix ? Celui, affolant, d’une lepénisation des esprits.

    Joëlle Meskens
    (Le Soir, éditorial, samedi 14 avril 2007)

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