Qui ne se souvient pas de l'époque où la SNCF s'osait tout juste à dire que c'était "possible" ? L'an dernier encore, elle s'engageait à nous faire "préférer le train". Et, petit à petit, elle s'est discrètement transformée en agence de voyage high-tech, proposant des solutions de plus en plus innovantes, des hôtels, des voitures... pour "donner au train des idées d'avance". Comme si on avait le choix entre plusieurs compagnies pour prendre le train. "Quand la SNCF fait grève, on n'a pas d'autre choix que d'attendre, planté sur le quai de la gare avec nos valises sur les bras !", entend-on souvent au JT. C'est vrai. Mais plus pour longtemps. L'Union européenne prévoit d'ouvrir les lignes à la concurrence dès le 1er janvier pour le fret, et à l'horizon 2010 pour les passagers. C'est, selon elle, la solution pour créer une émulation favorable à l'amélioration du service, proposer des services internationaux fiables, et rendre les entreprises européennes concurrentielles face à leurs rivales internationales.
Je vous vois déjà fronçant les sourcils et vous demandant tout haut : "Pourquoi Pierre nous parle-t-il de la SNCF sur son blog berlinois ??!". Eh bien, parce que la question fait justement l'objet d'un débat houleux aujourd'hui, ici, à Berlin. Faut-il privatiser la Deutsche Bahn (NDLA : la "SNCF" allemande, alias DB) ? Son PDG le souhaite. Mais ça coince au niveau politique. La gauche veut revoir le projet, voire carrément l'annuler. Et la droite avance fermement, mais extrêmement prudemment depuis la publication du sondage d'Attac affirmant que 73 % des Allemands sont hostiles à l'idée d'une privatisation des chemins de fer. Et comme les deux, droite et gauche, sont réunies au sein du gouvernement de coalition, ça coince sévère ! Ça discute sec, quoi.
Incroyable mais vrai, les Français sont a priori moins hostiles à l'idée, si l'on en croit un sondage trouvé sur le net (Generationvote.net). Seuls 52,4 % des personnes interrogées se disent hostiles à la privatisation de la SNCF, alors que 45 % d'entre elles y sont favorables (2,6 % sans opinion). Les Français seraient-ils plus enclin à vendre leur train ? Peut-être s'impatientent-ils simplement de voir débarquer à côté de la SNCF, comme c'est déjà le cas pour l'avion, des compagnies low cost.
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