Soleil

Un répit dans les averses glacées qui annoncent une saison dont je ne me souvenais plus, l'automne, pour en avoir été épargné pendant mes quatre années passées en Guyane. Hier soir, quelques nuages éparses saluaient le soleil, à l'heure où il déclinait lentement dans le ciel de Berlin, lui donnant une magnifique couleur caramel et vanille. C'était au moment où j'entrais sous le grand chapiteau du Cirque du Soleil, pour la première allemande du spectacle Dralion. Magnifique. J'ai été envoûté d'un bout à l'autre par les couleurs flamboyantes des costumes, l'originalité et l'espièglerie des protagonistes. Malgré quelques stéréotypes, inévitables quand un metteur en scène dépeint la rencontre de l'Asie et de l'Afrique, c'était grandiose. J'étais comme un enfant. Si vous passez par l'Allemagne dans les trois prochains mois, n'oubliez pas de regarder si vous croisez la route du Cirque du Soleil. Ça vaut le détour.

Répugnant. Effrayant.

A l'heure où la France entame à peine (enfin!) le débat sur les crimes atroces de l'esclavage, l'Allemagne se trouve actuellement livrée à de vieux relents de colonialisme. Depuis le début de l'été, un chapiteau géant exhibe en plein cœur de Berlin les "curieux rites africains", dans un grand show orchestré par André Heller et intitulé "Afrika! Afrika!". Chaque soir, une troupe de voyeurs vient y cultiver ses besoins d'exotisme. C'est le premier événement qui m'a mis la puce à l'oreille. Personne ne semble s'indigner de ce spectacle présenté comme l'un des pires zoos humains des expositions universelles de Paris, à la fin du XIXe siècle.
Mais il y a encore plus terrible. La chaîne de télévision à grande audience, Sat 1, celle-là même qui diffuse les séries à succès comme "Verliebt in Berlin" qui doit bientôt faire son entrée à la grille de TF1 en France, vient de sortir de son chapeau une nouvelle émission de télé-réalité. Pour mieux faire passer la pilule, elle pousse même le culot jusqu'à la classer dans la catégorie "docu-réalité". Le concept : Deux familles allemandes vont s'immerger dans des tribus d'Afrique et d'Indonésie (photo). "Quiconque interprêterait cette émission comme l'expression d'une fierté coloniale ou d'un cynisme exotique serait dans le faux. Le docu-réalité de Sat 1 est idéologiquement bénin", écrit le (sérieux) magazine Spiegel. Idéologiquement bénin ? L'émission est tout de même baptisée "Comme les sauvages". A vomir.

Que pensez-vous des Allemands ?

Ma coiffeuse Antonia vient de me faire le grand déballage des clichés sur les Français. Ils mangent des cuisses de grenouille. (Ce à quoi j'ai ajouté que nous mangions aussi des escargots... Histoire d'en remettre une couche...) Ils sont parfois arrogants et surtout bons vivants. (La faute aux délicieux fromages et aux vins qui les accompagnent...) Leurs villes sont belles mais manquent de verdure... Et caetera... Et à l'issue de la discussion, elle m'a interrogé : "Et les Français, que pensent-ils des Allemands ?" Une question bien compliquée et embarrassante. J'étais tenté de lui dire qu'ils les considèrent le plus souvent comme des ploucs coincés qui boivent de la bière et mangent des saucisses, mais j'imagine aisément qu'elle n'aurait pas été ravie de l'entendre. Et puis je n'étais pas bien certain de la justesse de cette réponse. Je lui ai simplement dit qu'il y avait ceux qui connaissent vraiment l'Allemagne, pour y avoir passé quelques temps, et qui ont une opinion plutôt positive des Allemands, et ceux qui ne la connaissent pas... En laissant entendre tout ce que ces derniers pouvaient penser des Allemands. Et, du coup, j'avais envie de poser la question sur mon blog : Que pensez-vous des Allemands ? Histoire que je puisse lui donner une réponse plus satisfaisante la prochaine fois que je la croise. Répondez honnêtement. Donnez votre propre opinion. Merci pour votre concours !

Photos...

Si mon blog vous paraît un peu terne ces jours-ci, c'est que je rencontre un problème pour y télécharger mes photos. Un bug qui ne s'était jusqu'à présent jamais produit... Peut-être parce que ma dernière image portait dans le nom "gegennazis.jpg" (contrelesnazis) et qu'un robot a reconnu automatiquement le mot interdit ? Le problème reste pour l'instant non résolu.

Zone de turbulences

Meeting électoral de Klaus Wowereit hier, sur l'Alexander Platz, en plein cœur de Berlin, au pied de la mythique tour de télévision du Régime communiste. Le maire sortant parle d'un ton assuré. Originalité : Il répond aux questions d'un pseudo-journaliste sur un "plateau" aux couleurs du parti SPD. Mais soudain, une femme l'interpelle, dans le public. Malgré l'extraordinaire sursaut économique que semble décrire le maire, les touristes toujours plus nombreux et l'optimisme des entreprises qui reviennent dans son discours, son commerce ne marche plus. Elle est fleuriste, sur l'Alexander Platz. Surpris, le maire lui répond sereinement que c'est la raison de tous ses efforts. Si de plus en plus de Berlinois trouvent un emploi, s'ils ont moins à payer pour l'éducation de leurs enfants, alors ils trouveront à nouveau suffisamment d'argent à mettre de côté pour acheter des fleurs.

Les spectateurs ont d'ailleurs pu remarquer que la fleuriste gagnait encore suffisamment d'argent pour se payer des UV et un ensemble léopard. Peu convaincue, elle enchaîne : "Qu'allez-vous faire pour mettre en valeur la place ? Il y a toujours des travaux...!" Des militants lui demandent de se taire, de se calmer. Wowereit leur demande de la laisser continuer. "On est là pour ça, elle n'a rien dit de méchant et on est justement là pour répondre aux questions de la population", explique-t-il. Mais la femme, observée par tous, ne sait plus trop si elle doit parler ou se taire. "Ah ! Quand les femmes s'y mettent...!", lance un homme au milieu de la foule. (Je m'attend à voir, comme cela aurait été le cas en France, des femmes s'indigner par la remarque, mais non, la remarque les fait simplement rire) La femme continue à dérouler son cahier de doléances dans la confusion. Si aucun élu n'ose pour l'instant se lancer dans d'importantes réformes à la veille des élections, le gouvernement allemand s'attaquera sans doute au fond des dossiers, au lendemain du scrutin. Et là, les fleuristes indignées devraient fleurir. Autant dire que le radar annonce que nous entrons dans une zone de turbulences.

La saison de Grenouille

J'ai vu Le Parfum hier, à l'occasion de la projection de presse. J'étais assez impatient de voir comment l'œuvre de Süskind avait été adaptée à l'écran. Et j'étais plutôt agréablement surpris de la façon dont le réalisateur allemand, Tom Tykwer, a rendu les impressions olfactives. Le challenge était plutôt difficile. Comment figurer, en images, les sentiments mis en mots par Süskind ? Pour cela, c'est plutôt réussi. Grâce à la musique de l'Orchestre philarmonique de Berlin notamment, qui transporte le spectateur dans ce monde sensoriel.
Mais tout n'est pas parfait. Certaines scènes sont absentes du film. Tout le passage de Montpellier et du Fluidum Letale, que j'aurais voulu voir à l'écran, est passé à la trape. L'apparition de Jean-Baptiste Grenouille à Grasse, portant son parfum, et qui provoque une orgie géante parmi les habitants de la ville, donne l'impression que le réalisateur s'est fait plaisir, mais qu'il y a oublié son spectateur. C'est pour moi le bémol du film, qui aurait pu être plus... fin, à ce moment de l'histoire. Rien de choquant pour les Allemands, adeptes du FKK (nudisme), et qui se réjouissent déjà de cette scène réunissant 750 figurants nus et rappelant les camps qu'ils affectionnent tant. Mais je doute qu'elle plaise autant aux Français... ou encore moins aux Américains qui viennent de censurer un magazine dont la couverture montrait le sein d'une femme alaitant son enfant !
Le Parfum est tout de même un film à voir, surtout si on a lu le livre, ne serait-ce que pour l'interprétation ultra-fidèle et tordante de Dustin Hoffmann en Giuseppe Baldini. Dommage simplement que Grenouille ne soit pas aussi laid que sous la plume de Süskind.
Pour info, la sortie est prévue en Allemagne, le 14 septembre, et en France, le 4 octobre.

Pauvre Friedbert...

Il convient de se méfier des sondages. D'autant plus qu'il s'agit d'une cote de sympathie, et non d'une intention de vote. Mais le candidat CDU Friedbert Pflüger, qui prétend à l'élection de maire régnant de Berlin, est au plus mal. Ce matin, la Berliner Zeitung a révélé qu'il avait la cote de popularité la plus basse de tous les hommes politiques du Land Berlin : 0,5 points sur cinq. Pas beaucoup moins que le maire SPD sortant Klaus Wowereit (1,4/5), qui s'en sort tout de même avec le score le plus élevé. S'ils devaient élire leur maire au suffrage direct, les Berlinois interrogés choisiraient Wowereit à 64%, contre un score ridicule de 16% pour son challenger de droite. Une tendance qui n'est sans doute pas étrangère à la polémique sur l'opportunisme du "touriste" Pflüger. A ce sujet, la vidéo de campagne de Wowereit vaut le détour.
Disponible sur YouTube : http://www.youtube.com/watch?v=Q1gf09n7_lY

Un front uni contre le nazisme

L'été est de retour

Soleil radieux et 25 degrés aujourd'hui à Berlin. C'était devenu quasi inespéré...

Zurueck

De retour. Je ne sais pas pourquoi ça me surprend toujours, chaque année. Une fois les vacances achevées, que ce soit à Cayenne (il y a un an pile poil), à Strasbourg (dans mon enfance) ou à Berlin (aujourd'hui), on a toujours l'impression de retrouver un paysage immobile. Rien n'a bougé alors que je me suis tellement enrichi, de rencontres et d'expériences, en l'espace de ces trois petites semaines. Certes, quelques petits détails sont venus modifier, discrètement, l'allure des larges avenues berlinoises. Je les remarque au premier coup d'oeil. D'abord, plus une seule trace du Mondial de football, en dehors de l'affiche verte qui orne toujours la façade du café Rocco, à Hackescher Markt, pour inviter les passants aux soirées "football live". Tout le reste a disparu. Un mur repeint à l'entrée de mon immeuble, après les travaux de tuyauterie. Une publicité innovante dans les couloirs du métro. Et les élections municipales, dans un mois, dont la campagne prend peu à peu possession du mobilier urbain.
L'équipe sortante, du maire SPD Klaus Wowereit, et le challenger CDU ont collé des affichettes plutôt classiques sur les pilones électriques. Les verts ont un slogan qui interpelle davantage et des candidats apparemment plus jeunes, à l'image de la ville. "Votez pour les Verts avant de voir rouge", est-il écrit. Rouge, pour l'alerte rouge pour l'environnement. Rouge aussi, comme la couleur du parti favori, le SPD du feu Schröder. Voilà qui devrait occuper les débats, dans les prochaines semaines. D'autant plus que moi aussi, en tant que citoyen de l'Union, je peux voter. A première vue, je souhaite plutôt la réélection de Wowereit, qui semble avoir une bonne influence sur l'évolution de la ville. Je me vois mal voter CDU, bien que Pflügert assure que "Berlin peut faire mieux" s'il est élu. Pourquoi pas les Verts ? En Allemagne, le parti a un véritable poids politique. Et à Berlin ? Au programme des prochains jours : me documenter pour me faire une opinion et commencer à écrire des articles sur le sujet.