Zone de turbulences

Meeting électoral de Klaus Wowereit hier, sur l'Alexander Platz, en plein cœur de Berlin, au pied de la mythique tour de télévision du Régime communiste. Le maire sortant parle d'un ton assuré. Originalité : Il répond aux questions d'un pseudo-journaliste sur un "plateau" aux couleurs du parti SPD. Mais soudain, une femme l'interpelle, dans le public. Malgré l'extraordinaire sursaut économique que semble décrire le maire, les touristes toujours plus nombreux et l'optimisme des entreprises qui reviennent dans son discours, son commerce ne marche plus. Elle est fleuriste, sur l'Alexander Platz. Surpris, le maire lui répond sereinement que c'est la raison de tous ses efforts. Si de plus en plus de Berlinois trouvent un emploi, s'ils ont moins à payer pour l'éducation de leurs enfants, alors ils trouveront à nouveau suffisamment d'argent à mettre de côté pour acheter des fleurs.

Les spectateurs ont d'ailleurs pu remarquer que la fleuriste gagnait encore suffisamment d'argent pour se payer des UV et un ensemble léopard. Peu convaincue, elle enchaîne : "Qu'allez-vous faire pour mettre en valeur la place ? Il y a toujours des travaux...!" Des militants lui demandent de se taire, de se calmer. Wowereit leur demande de la laisser continuer. "On est là pour ça, elle n'a rien dit de méchant et on est justement là pour répondre aux questions de la population", explique-t-il. Mais la femme, observée par tous, ne sait plus trop si elle doit parler ou se taire. "Ah ! Quand les femmes s'y mettent...!", lance un homme au milieu de la foule. (Je m'attend à voir, comme cela aurait été le cas en France, des femmes s'indigner par la remarque, mais non, la remarque les fait simplement rire) La femme continue à dérouler son cahier de doléances dans la confusion. Si aucun élu n'ose pour l'instant se lancer dans d'importantes réformes à la veille des élections, le gouvernement allemand s'attaquera sans doute au fond des dossiers, au lendemain du scrutin. Et là, les fleuristes indignées devraient fleurir. Autant dire que le radar annonce que nous entrons dans une zone de turbulences.