DEPUIS QUELQUES ANNEES, ET DE MANIÈRE PLUS INTENSIVE CES DERNIERS MOIS, JE ME SUIS ENGAGÉ CONTRE NICOLAS SARKOZY. Vous l'avez constaté entre les lignes de ce blog, ou de manière explicite pour ceux d'entre vous qui ont reçu un courrier de ma part ou participé à une discussion politique avec moi. J'ai choisi aujourd'hui de le dire clairement et d'en expliquer les raisons. Je milite pour que M. Sarkozy ne soit pas élu président, et je militerais contre lui s'il était élu à l'issue du scrutin du 6 mai.
EN M'ENGAGEANT, JE PRENDS UN RISQUE que je mesure. Personne n'attend d'un journaliste qu'il exprime ses opinions politiques, mais qu'il livre une information la plus complète possible et la plus neutre possible, à défaut de travailler pour un média d'opinion, ce qui n'est pas mon cas. Je prends donc le risque de porter à vie une étiquette. A mes yeux, ce risque n'est rien à côté du risque que prend la France d'élire Nicolas Sarkozy. Une élection qui aurait des conséquences terribles dans l'Hexagone et dans les territoires français, mais aussi en Europe et dans le monde. J'en ai l'intime conviction. Je dispose également, en ma qualité de journaliste, de quelques indices qui permettent de le démontrer.
JE NE M'ATTAQUE PAS AUX CITOYENS QUI VOTENT POUR L'UMP, MAIS À UN HOMME QUI MENACE NOTRE DÉMOCRATIE : NICOLAS SARKOZY. J'ai toujours respecté tous les citoyens et toutes les idées qui participent au débat démocratique. J'ai toujours écouté et relayé toutes ces idées, dans les médias pour lesquels j'ai travaillé, sans distinction de traitement. J'ai toujours dénoncé les atteintes à la démocratie et les abus de pouvoir, qu'ils soient l'œuvre d'un parti de la droite, du centre ou de la gauche. Pour ne citer que deux exemples, j'ai dénoncé, lors des dernières élections régionales, les manœuvres frauduleuses de certains responsables de partis de gauche. En 2005, j'ai révélé les détournements de fonds associatifs d'un personnage influent d'un parti de gauche. Ces informations, que certains assimilent à des attaques, ne sont pas dirigées contre un parti ou un courant. Mon combat est celui de l'information et de la démocratie.
LORS DE MA PREMIÈRE RENCONTRE AVEC NICOLAS SARKOZY, J'AI RÉALISÉ L'AMPLEUR DE SON AMBITION PERSONNELLE ET LE DANGER QU'IL REPRÉSENTAIT. Après le choc de 2002, j'avais un a priori positif de ce jeune ministre qui "osait" dire ce que tout le monde pensait tout bas. En juillet 2003, il a entrepris une première visite à Cayenne, où je travaillais alors, et a imposé sa version d'une visite ministérielle, bouleversant toutes les habitudes. Pas d'interview avant son arrivée (règle à laquelle tous se pliaient depuis toujours, afin qu'elle soit publiée dans le journal à l'arrivée du ministre) : "Mes déclarations, je les ferai aux Guyanais". Un grand rassemblement populaire (500 personnalités) à l'occasion de l'inauguration d'une piscine, un discours ambitieux, un public conquis. Il faisait figure du "sauveur de la Guyane", il allait faire ce qu'aucun n'avait réussi à faire depuis la départementalisation, pensait-on. Mieux : "Je reviendrai l'an prochain, pour m'assurer que tout a été réalisé". Un an plus tard, tout le monde avait oublié cette dernière promesse, mais se souvenait qu'il devait faire beaucoup. En réalité, il s'était contenté d'acheter des véhicules neufs pour la police et de durcir les mesures d'immigration (ce qui était déjà programmé avant sa venue). Pour le reste, rien. Il n'est jamais revenu constater les réalisations, contrairement à sa promesse. Les Guyanais l'ont attendu pendant trois ans, jusqu'à ce que la campagne présidentielle entre dans sa phase finale.
AVEC LES JOURNALISTES, NICOLAS SARKOZY EST SURDOUÉ, ET VEUT TOUT CONTRÔLER. Toujours en 2003, nous n'avons eu de contact direct avec lui que quelques minutes avant qu'il redécolle pour Paris, pour une conférence de presse dans les salons de l'aéroport. Il a déjoué toutes les "questions-pièges" que nous avions préparées, et trouvé les mots justes pour nous empêcher de réagir. Depuis, il a peaufiné sa technique, rencontré les rédactions, amadoué des journalistes (souvent haut placés). Je l'ai constaté encore, fin février, lors de sa visite à Berlin. Au lendemain du discours de Ségolène Royal à Villepinte, certains confrères parisiens qui suivaient son déplacement auraient pu être confondus avec son équipe de campagne, tant ils défendaient le projet de M. Sarkozy avec ferveur. C'est le candidat qui avait prévu où il parlerait et où il serait filmé. Les journalistes qui étaient autorisés à le suivre étaient munis d'un badge. Le même badge que celui porté par ceux qui ont suivi sa voiture dans Paris, le 22 avril au soir, après l'annonce des résultats du premier tour. Il contrôle son image. Et il la contrôle bien.
JE VOIS AUTOUR DE MOI COMMENT CERTAINS CONFRÈRES ET CERTAINES CONSŒURS SONT PRIÉS DE NE PAS LE CRITIQUER. J'ai la chance de n'avoir jamais été tenu par aucun parti, ni par aucune ligne politique, et je ne veux pas prendre le risque de l'être à l'avenir. Non pas pour moi, mais pour tous les citoyens, qui ont droit à une information libre et plurielle. Pour cela, pour les idées de Nicolas Sarkozy qui sont celles du contrôle des médias, du pouvoir personnel et de l'exclusion, je n'envisage pas de vivre cette campagne de manière passive. Sans informer sur cet enjeu crucial.
JE METTRAI TOUTES MES FORCES AU SERVICE DE L'INFORMATION, POUR QUE LES FRANÇAIS VOTENT EN CONNAISSANCE DE CAUSE ET N'ÉLISENT PAS NICOLAS SARKOZY. Car je suis convaincu que la France a besoin de se rassembler et de retrouver confiance en elle-même. Après 2002, j'imaginais que Nicolas Sarkozy pouvait être le candidat de ce changement. Après 2003, j'étais convaincu qu'il ne l'était pas. Aujourd'hui, j'ai peur que les Français soient trompés, qu'ils croient au mirage. La déception serait encore plus terrible. Sans doute irrémédiable. Je m'efforcerai d'informer. A cet effet, je répondrai à vos questions sur ce blog. Ceci à titre personnel, indépendamment des médias pour lesquels je travaille régulièrement. Il s'agit de mon devoir, en tant que journaliste et citoyen.
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