"Où est Goethe ?" Ce commentaire d'un lecteur, sur le blog de deux jeunes Françaises passionnées d'Allemagne et qui partage cet amour sur le web, m'a fait bondir. Les deux auteures, répondant aux noms de Leslie et Zazou, ont en effet annoncé le 1er janvier qu'elles arrêtaient tout, à cause des critiques. Elles publient un extrait éloquent de l'une d'elles : "Vous êtes deux gamines qui connaissent rien à l'Allemagne (...). Vous parlez des Mercedes, de Schiffer, de Tokio Hotel, que des peoples, où est la vraie culture allemande ? Où est Goethe ?"
Du coup, plus de blog. Exit le "franceallemagne's blog". Finis les articles passionnés où Leslie et Zazou s'exclament : "On aime l'Allemagne au plus profond de nous ! On est amoureuses de ce pays, de cette langue, de cette culture !!!"
Où est Goethe ? La question me paraît aussi stupide que la réaction de certains Français qui, arrivant en Allemagne, abordent d'emblée le sujet du nazisme avec les Allemands qu'ils rencontrent. Est-ce cela l'Allemagne ? Goethe et les nazis ? Et aimer l'Allemagne signifie-t-il connaître et aimer Goethe ? Je ne crois pas.
L'Allemagne et sa culture ne se résument pas à un livre de Goethe, pas plus qu'à un single de Tokio Hotel. Il y a mille et une façons d'aimer l'Allemagne : nourrir un amour pour sa langue, se nouer d'amitié avec des Allemands, communier avec la ligne politique d'Angela Merkel et de sa Grande Coalition, tomber amoureux de la ville de Cologne, d'Hambourg ou de Berlin, se passionner pour son histoire tourmentée et sa reconstruction, aimer Goethe ou Tokio Hotel. Car finalement, aime-t-on moins l'Allemagne si l'on ne connaît pas Goethe, ou si l'on ne connaît pas Tokio Hotel ?
L'Allemagne et les Allemands d'aujourd'hui sont le fruit d'une somme d'influences culturelles. Je trouve déplorable qu'on s'attaque à des personnes qui revendiquent leur amour pour l'Allemagne sous prétexte qu'elles ne parlent pas de Goethe. L'effervescence de leur blog représente à mon sens bien plus le bouillonnement culturel que connaît l'Allemagne d'aujourd'hui, et en particulier sa capitale, qu'un classique de la littérature. Pour cela, pour leur passion communicative, je leur dis "bravo".
Libellés : Humeurs, Politique/société