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14 janvier 2007

Un tram terrible !


Il y a des jours comme celui-ci où je plains vraiment les chauffeurs de la BVG, la compagnie de transports berlinois. Il est deux heures du matin, le tram est bondé et le spectacle offert par cette population nocturne qui rentre chez elle, ou souvent se déplace pour poursuivre la soirée dans un autre lieu, est sans doute terriblement affligeant depuis sa cabine de commandes. Entre les groupes de jeunes qui profitent du trajet pour vider leurs bouteilles de bière, tranquillement, il y a déjà ces deux jeunes filles. Fringuées chic avec leur sac-à-main imitation Vuitton, elles recouvrent le brouhaha de la rame par leur violente et bruyante discussion. Leur altercation même. L'une a couché avec le copain de l'autre, et tous les passagers sont désormais au courant. Sans doute le chauffeur a-t-il aussi surpris certaines bribes de conversation... "Si tu l'aimais vraiment, tu aurais remarqué qu'il s'ennuyait avec toi !" Leur discussion déclenche en tout cas une crise de fou rire communicatif dans un autre groupe de jeunes filles, assises juste en face. Le tramway se remplit, les deux rivales continuent à s'étriper.
Assis à côté de moi, un couple d'Italiens se fait les yeux doux. Lui ouvre grand le sac plastique qu'il portait sur les genoux pour dévoiler à son amie son contenu très suggestif : une botte de persil et, en son centre, une banane. Mon niveau d'italien étant extrêmement limité, je comprend simplement qu'il lui dit "c'est pour toi" et lui propose d'y goûter. Les autres passagers et moi, nous n'en demandions pas tant. Car je vous vois déjà me prêter des tendances au voyeurisme. Eh bien sachez que tout cela se passe, à Berlin, sans aucune pudeur, aux oreilles et aux yeux de tous. Ici, on prend le terme "transports en commun" à son sens premier.
Rentre alors deux punks, vestes en cuir, piercings, tatouages. L'un deux porte une corne plantée dans le lobe de son oreille. Pas très rassurant, a priori, mais le spectacle est là encore quasi-quotidien à Berlin. C'est une ville qui accepte la différence, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire sur ce blog, et c'est bien ainsi. Sauf que le punk en question aperçoit à son tour la banane dans sa botte de persil que l'Italien porte sur ses genoux et qu'il commence à s'en amuser. Du coup, l'Italien fait moins le malin et commence à remballer son fruit en érection, dans le sac plastique. Tout ce petit monde descend finalement deux stations plus loin, juste avant la mienne.
Non, vraiment, je plains les chauffeurs de tram berlinois. Remarquez, au moins, lorsqu'ils travaillent de nuit, ils ne s'ennuient jamais !

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