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16 décembre 2006

Zu Gast...?


Bei Freunden ? Comme à chaque mois de décembre, c'est l'heure pour les médias de repasser le "bilan de l'année", de diffuser "un bêtisier" et d'élire "les meilleurs moments de 2006". C'est aussi le moment de révéler l'homme le plus influent ou la femme la plus marquante. Alors, comme partout, les Allemands ont choisi leur mot de l'année 2006. La Société pour la langue allemande l'a très officiellement annoncé hier, depuis son siège de Wiesbaden. Il s'agit de "Fanmeile".
Fanmeile, pour tous ceux qui ont parcouru l'Allemagne à l'occasion de la Coupe du monde en juin et juillet derniers, c'est déjà devenu un mot courant. Pourtant, au mois de mai encore, il n'existait pas. Et il est intraductible en français. C'est "le kilomètre (ou plutôt le mile) de fans", cet espace dédié à tous ceux, fous de foot, qui n'ont pas pu décrocher de ticket pour le stade et qui se retrouvent, entre écrans géants et stands de bières/saucisses, pour savourer ensemble un moment sportif historique. Dans chaque ville-hôte du Mondial, le comité d'organisation allemand et la Fifa avaient installé une Fanmeile. Ce sont ces lieux, dans tous le pays, qui ont illustré l'incontestable succès de l'événement.
Si le mot n'existait pas jusqu'à cette année, le concept est en réalité né lors de la Coupe du monde de 2002 au Japon et en Corée du Sud. Pour permettre à tous de prendre part à la fête du football, la Fifa avait eu l'idée d'organiser ces grands rassemblements, et d'en gérer la sécurité. Il y a huit ans, en France, pour le Mondial dont tout le monde se souvient, le mouvement de foule sur les Champs-Elysées était bien plus spontané (il avait d'ailleurs été le théâtre d'un accident avec une automobiliste paniquée). C'est ce qui a inspiré cette Fanmeile, mais le mot n'existait pas encore.


Oder bei Feinden ? Autre bilan de l'année, bien moins réjouissant, dans la Taz. En très gros caractères, le quotidien berlinois titrait hier en Une : "In Deutschland leben zu viele Ausländer", c'est-à-dire "Il y a trop d'étrangers qui vivent en Allemagne". Inutile de préciser que ce titre choc, sans aucune photo, m'a interpellé. Juste au-dessous de l'info-provoc, un petit sous-titre précise "... selon 46% des Allemands de l'Ouest et 60% des Allemands de l'Est". Le journal de gauche déplore la montée de la xénophobie dans le pays et revient sur les recherches de l'Institut de recherche sur les conflits et la violence de Bielefeld. Tous Länder confondus, près d'un Allemand sur deux se reconnaît dans le titre : "Il y a trop d'étrangers". Effrayant.
Je n'ai rien à opposer à cette étude. Pas de chiffres contradictoires ou d'étude sociologique. Mais je dois dire qu'en arrivant à Berlin, il y a quasiment un an, j'ai découvert ici des gens ouverts et curieux des autres. Souvent bien plus qu'en France. J'ai la conviction que la majorité des habitants de la capitale allemande sont plutôt xénophiles que xénophobes. Berlin n'est pas l'Allemagne, mais elle en donne une vision optimiste pour le futur. Dommage que la plupart des Allemands n'en aient pas encore pris conscience.

* "Die Welt zu Gast bei Freunden" était le slogan de l'Allemagne pour la Coupe du monde. Littéralement, cela signifie "le monde invité chez des amis". Autrement dit : "Vous êtes ici chez vous". A l'inverse, "Feinden" signifie "ennemis".

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